Une drôle de pâte, le dentifrice


Le brossage de dent réside dans une action mécanique permettant de rompre la plaque bactérienne. Mais en plus de cette action mécanique nous ajoutons dans notre bouche du dentifrice, mais qu'est ce que cette drôle de pâte?




Composition

Le dentifrice contient :
  • Des agents polissants ou abrasifs
Ils ont pour but, grâce à une action de polissage, d’enlever la plaque bactérienne et les colorations indésirables sur les dents. Cependant, ils ne doivent pas être trop puissants pour ne pas attaquer l’émail et la dentine.
En voici les différents composants :
• carbonate de calcium précipité et bicarbonate de calcium pour un « gommage de l’émail »

• phosphates, le méta phosphate de sodium, pyrophosphate de calcium

• alumine x-tri hydratée

• silices et composés organiques dérivés qui sont utilisés pour leur texture granuleuse

  • Des agents moussants (tensioactifs) ou détergents, émulsifiants (1% à 2% du dentifrice) 
Les détergents sont des agents tensioactifs (Un tensioactif a pour but de favoriser la répartition du dentifrice en dispersant le corps gras de ce dernier dans l'eau, et favorise la répartition du dentifrice; permet la formation de mousse).
Ces agents permettent la rupture entre les saletés et les surfaces. Ils favoriseraient la disparition des espèces pathogènes sur les brosses à dent, et ainsi diminueraient le risque de transmission bactérienne.
Le laurylsulfate de sodium est le détergent le plus utilisé. C’est un antibactérien et un fongistatique (empêchant le développement des champignons). Il inhibe la croissance des bactéries Gram+, mais il est impuissant contre la plupart des souches Gram -. Il interagit avec l’émail en raison de son caractère anionique et sa haute affinité avec le calcium.Cependant il peut entrainer une hypersensibilité muqueuse, du fait qu'il altérer la couche de mucine (protéine) qui protège l’épithélium, et favoriser la desquamation des cellules épithéliales, c'est à dire leur chute.

  • Des agents conservateurs
Ce sont des acides benzoïques et des sels qui possèdent des propriétés antibactériennes. Ces agents ne sont pas obligatoires, en effet certains fluorures possèdent déjà ce rôle. Si ces derniers sont présents dans le dentifrice, un agent conservateur n’est pas nécessaire.
Les effets secondaires d’un dentifrice ont souvent un lien avec les conservateurs qu’il contient.

  • Des agents humectants
Ils ont pour but d’éviter que le dentifrice ne sèche au contact de l’air et possède un goût sucré qui corrige l’amertume due aux abrasifs.
  • Des agents épaississant (liant et gélifiant)
Ils sont responsables de la viscosité du dentifrice.
  • Des arômes
Les arômes ont un rôle dans la stimulation du flux salivaire et donne un gout au dentifrice.
  • Des agents colorants
Parmi eux, on trouve des dérivés de chlorophylle auxquels on attribue des propriétés désodorisantes, susceptibles de parfumer l’haleine.
  • Des agents filmogènes
(voir rôle les agents antibactériens)


Les principes actifs (molécules possédant des effets thérapeutiques)


  • Les fluorures
On attribue le terme de fluorures aux combinaisons moléculaires où figure F⁻.
On retrouve les fluorures dans plus de 90% des dentifrices en Europe. Ils permettent d’éviter la formation des caries et en limitent la progression (rôles préventif et curatif).
Ils diminuent les effets déminéralisant des acides organiques, favorisent la reminéralisation de l’émail (par exemple lors d’une lésion), et inhibent certains processus enzymatiques chez les bactéries.
Suite à un bossage de dents avec un dentifrice de concentration en F⁻ de 1100 ppm (parties pour mille), 15 minutes après rinçage à l’eau la concentration salivaire n’est plus que de 1ppm.
Un apport en fluorure plusieurs fois par jours favorise donc une présence continue de ceux-ci dans la salive. Et il est donc conseillé de ne cracher qu’en fin de brossages rincer à l’eau un minimum pour éviter la perte de fluor dans la cavité buccale.

(rôle du fluor dans: le fluor, on adore !)

    Ce graphique,tiré d'un rapport de l'OMS  montre une diminution sugnificative des caries dans les pays développés. Cette décroissance est attribuée à l'emploi de plus en plus fréquent de dentifrices fluorés depuis les années 80.  Cependant, il n'en est pas de même dans les pays en développement, où ce type de dentifrice n'est pas abordable.
  • Les agents antibactériens :
Ils sont destinés à inhiber la formation du biofilm (plaque bactérienne qui se forme sur les surfaces de la cavité buccale). Ce biofilm bactérien est le facteur principal des lésions bucco-dentaires. Sa minéralisation fournit le tartre et certaines de ses bactéries sont responsables de l’halitose (mauvaise haleine). Sa flore est très complexe et en évolution permanente.
L'élimination mécanique par le bossage de ce biofilm est rendue plus efficace avec l’utilisation d’un dentifrice contenant des agents antibactériens.
Il existe des agents anti-plaque bactérienne qui ne sont pas des bactéricides mais des filmogènes. Ils forment un film siliconé protecteur qui recouvre la surface de l’émail et entre en compétition avec la formation de la plaque. Les agents filmogènes ont pour but de contrôler les attaches bactériennes sans perturber l’écologie microbienne de la cavité buccale. Ils ont une grande capacité de fixation sur l’émail, y réduiraient à 90% l’attache des microorganismes et y réduiraient également les intéractions avec les protéines salivaires, ce qui inhiberait la formation du film bactérien.

  • Les agents anti-halitose ou "anti-mauvaise haleine" :
L’halitose d’origine buccale est due à certaines bactéries notamment les G⁻ qui métabolisent des substances présentes dans la cavité buccale. Cette dégradation microbienne d’acides aminés produit des composés sulfurés volatils principalement responsables du phénomène de mauvaise haleine. Certains composés tels que les diamines, des acides organiques et des composés aromatiques volatils sont également impliqués dans ce phénomène.
Il n’existe pas encore de méthode simple et universellement acceptée pour mesurer l’halitose. Certains dentifrices contenant des associations de composants particuliers permettant de transformer les composés sulfurés volatils en non-volatils sont considérés comme dentifrices anti-halitose.
 

  • Les agents blanchissants :
La couleur naturelle d’une dent n’est pas le blanc, mais une variation de jaune propre à chaque individu, dépendant de l’épaisseur et du taux de minéralisation de l’émail ainsi que des dépôts bactériens. Le café, le tabac, le thé... peuvent en modifier la couleur.
Le rôle des agents blanchissants est d’éliminer les colorations et les dépôts présents sur les dents, mais ne peuvent en aucun cas colorer la dent pour la rendre plus blanche. Ils redonnent simplement la couleur naturelle de la dent. Cependant, ce type de dentifrice ne doit pas avoir un pouvoir abrasif supérieur aux dentifrices normaux, car celui-ci pourrait alors rendre la surface de l’émail rugueuse et ainsi favoriser le dépôt de nouveaux pigments, mais doit simplement détacher les pigments,.
La perlite est un des agents blanchissant utilisé. C’est un minéral naturel (un silicate) qui nettoie et polit l’émail.

  • Les agents antitartre :
Tous les agents qui préviennent contre la formation de la plaque bactérienne aident à contrôler la formation du tartre. Les molécules antitartre sont des inhibiteurs de croissance cristalline. Ils n’éliminent pas le tartre mais ralentissent sa formation en inhibant la minéralisation de la plaque dentaire. Seul le détartrage permet d’éliminer le tartre. L’utilisation d’un dentifrice spécialisé ne peut donc pas remplacer son action.
  • Agents anti-hypersensibilité dentinaire :
L’hypersensibilité dentinaire est une sensation de douleur suite à une stimulation mécanique, chimique, thermique ou osmotique, due à une exposition anormale de la dentine. Une exposition de la dentine entraîne une exposition des canalicules dentinaires qui contiennent des terminaisons nerveuses. La perméabilité dentinaire est donc en jeu dans le phénomène de douleur. Il existe différents moyens d’action contre ce phénomène :
- Un agent qui s’échange avec le calcium de l’hydroxyapatite de la paroi tubulaire et forme des cristaux favorisant l’oblitération des canaux.
-Un agent pourrait également stabiliser l’excitabilité le la membrane nerveuse en limitant sa perméabilité au sodium et au potassium.
-Un agent qui bloque la réponse nerveuse intra dentaire par altération de l’excitabilité des terminaisons nerveuses.
- Un agent qui favorise les dépôts de cristaux modifiant ainsi les mouvements des fluides et entraîne donc une diminution de l’excitabilité nerveuse.











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